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chéchia rouges, avec des brodequins et un équipement de cuir fauve[1]

Il est permis de supposer que l’emploi des noirs dans les premières charges de l’État et dans la garde des souverains est motivée par une défiance envers l’élément national, arabe ou berbère ; mais cet emploi des noirs n’attire aucune impopularité pour le souverain, et c’est bien la preuve que la race est sympathique en elle-même[2]. Et en effet, les révoltés eux-mêmes renforcent leur prestige et leur puissance en faisant appel aux noirs ; le Rogui avait une petite garde noire, et c’est le noir Moul el Oudhou qui commandait sa mahalla, en janvier 1909.

Abd el Kader, le dernier chef arabe qui ait lutté sérieusement contre nous avec des forces organisées, a su acquérir et conserver un grand prestige aux yeux des noirs il s’entourait d’une petite troupe de noirs[3].

Alors que tous les peuples coloniaux, Anglais[4], Russes, Hollandais, gardent leurs possessions lointaines par des déplacements de troupes indigènes, nous nous refuserions de donner à notre armée africaine l’organisation qui lui convient et qui nous convient parce que cette organisation rassurerait complètement les colons et blesserait une susceptibilité qu’on suppose à tort aux indigènes ? Alors que tous les souverains arabes et berbères ont eu des

  1. Temps du 23 avril 1910. Le Mouloud, L’Armée chérifienne.
  2. Voir de nombreux témoignages de ce fait dans la Race inférieure, par Marius-Ary Leblond, Revue de Paris du 1er juillet 1906.
  3. Léon Roches : Trente-deux ans à travers l’Islam.
  4. Les troupes indiennes de l’Angleterre, et particulièrement les Sicks, ont été employées en Égypte, dans le Somaliland, en Afrique orientale, au Transvaal et en Chine.