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raient revenir en Algérie au premier signal ? Il y a, dira-t-on, le cas de guerre européenne ; mais dans ce cas, l’Algérie reste gardée par des troupes noires, au lieu d’être à peu près abandonnée après la mobilisation du 19e corps, comme elle le serait dans la situation présente. Les troubles que nous prévoyons alors, et que susciterait au besoin l’adversaire éventuel, seraient vite réprimés. La nouvelle organisation renforce grandement le prestige et l’autorité de la France aux yeux des populations musulmanes ; l’Algérie-Tunisie, camp de l’Armée Africaine de première ligne, est à l’abri de toute insurrection comme de toute attaque extérieure.

Mais, a-t-on dit, la susceptibilité des Arabes ne serait-elle pas blessée par la présence en Algérie des forces nouvelles qui ont été présentées comme devant rassurer les colons contre des risques d’insurrection ? Les noirs ne sont-ils pas méprisés des Arabes, race fière, qui se considère comme supérieure même aux Européens ? Il serait odieux de leur donner de véritables gardes-chiourmes, qu’ils détesteraient.

Il est certain que l’opinion des Français algériens a été très favorable au projet d’organisation ; elle l’a témoigné par l’organe de sa représentation au Parlement et de la presse locale. Le contraire serait un argument de poids contre la présence des troupes noires en Algérie, et il faut vraiment un peu de parti pris pour invoquer contre le projet une opinion parce qu’elle lui est favorable. Quant à la façon de présenter la nouvelle organisation, il faudrait supposer les Arabes bien informés des détails de nos polémiques quotidiennes pour s’en inquiéter, et