Page:Mangin, La force noire, Hachette, 1910.djvu/336

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’on puisse affirmer sérieusement cette erreur que la natalité française n’est pas en baisse, qu’elle est seulement stationnaire. Faut-il cacher nos statistiques, ou au contraire dénoncer le mal jusqu’à ce que le remède soit appliqué ? Peut-on dire qu’adopter le moyen de remédier peu à peu à l’abaissement de notre natalité en nous armant immédiatement de la force noire, ce serait révéler au monde toute l’étendue de notre faiblesse ?

Ce serait confondre une fois de plus la quinine avec la fièvre. Rien de pis que l’inaction béate et satisfaite qu’on nous prêche parfois en invoquant les preuves de vitalité que la France donne encore, en vertu de la vitesse acquise. Le monde entier nous sait touchés ; le remède est là, certain, et nous hésiterions à nous guérir, crainte de paraître avoir été malades ?

Et qui peut penser sérieusement que les populations indigènes de l’Algérie nous trouveront affaiblis quand nous y aurons transporté des troupes noires ? Les croit-on assez simples pour ignorer que les zouaves, par exemple, retournés en France, pour-

    le Rhin, et la chute de Napoléon III derrière les Vosges et la Moselle moyenne, et maintenant se prépare un troisième déplacement. Les Français abandonnent la Bourgogne.
    « Dans toute la France, l’ouvrier indigène recule devant l’ouvrier italien, espagnol et beige, voire devant le Polonais.
    « Les choses étant ainsi, la marche en avant de nos usiniers est de la plus haute importance. Il n’y a qu’une seule chose à craindre, c’est que nous nous montrions par trop conciliants au Maroc, pour éviter des chicanes éventuelles en Normandie et à Longwy.
    « Agir ainsi serait une grande faute, car nous n’avons pas à implorer la tolérance pour le développement de notre industrie métallurgique en France, qui n’est que la conséquence de notre plus grande capacité et de la faiblesse de notre adversaire. »