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tère français de ne pas combattre au grand jour. Mais ces scrupules, qui paraissent enfantins aujourd’hui, venaient d’un sentiment généreux ; pour provoquer un mouvement analogue en employant le mot de « mercenaires », il faut faire un contresens.

Puisqu’on évoque Byzance, rappelons-nous qu’elle est morte d’avoir discuté sur des mots pendant que l’ennemi était sous ses murs.


On a dit aussi : « Prenez garde, nous ne sommes pas seuls en Europe. En rappelant sans cesse la baisse de notre natalité et celle de nos effectifs qui en est la conséquence, vous établissez notre infériorité ; vous réjouissez nos adversaires et vous découragez nos alliés, et on ne s’allie qu’aux forts. En introduisant des troupes noires en Algérie, nous revêtons aux Arabes notre faiblesse.

Hélas ! la baisse de notre natalité est dénoncée dans tout le monde civilisé. Le Président Roosevelt l’a flétrie aux États-Unis et nous l’a rappelée dans sa leçon à la Sorbonne sur les devoirs du citoyen dans une République. À la Chambre des communes d’Angleterre, on a distribué un schéma de l’Europe en 1950 avec cette indication : « France : 40 millions d’habitants, dont 20 millions allemands. » La presse allemande ne perd pas une occasion de rappeler cette situation et d’en exagérer encore les conséquences[1]. La France est le seul pays du monde où

  1. À propos de la mainmise allemande sur les houillères françaises, la Täglische Rundschau disait le 9 avril : « La natalité française diminue de plus en plus chez nos voisins d’outre-Vosges. Depuis cent ans la population sise entre Rhin et Moselle se modifie à notre avantage.
    La chute de Napoléon Ier a fait reculer les Français derrière