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Il n’y a plus en France de troupes mercenaires, puisque la légion étrangère est composée pour moitié de nationaux français, et qu’elle est commandée en très grande majorité par des officiers français.

Mais il y a des militaires de carrière, des soldats de métier, auxquels on applique à contresens le nom péjoratif de « mercenaires ». Officiers, sous-officiers et soldats rengagés, gendarmes, soldats coloniaux, tirailleurs algériens et sénégalais, rengagés annamites, tonkinois, malgaches, les soldats de métier sont plus de deux cent mille dans nos armées de terre et de mer, et nous cherchons sans cesse à en augmenter le nombre. Pourquoi le soldat qui consacre volontairement toute sa vie au service de son pays serait-il inférieur au soldat que la loi maintient deux ans seulement sous les drapeaux ? Et il s’agit ici de soldats qui versent leur sang à flots, sous toutes les latitudes.

La France a déjà 20 000 Sénégalais parmi ses 100 000 soldats de métier ; il s’agit de porter ce nombre à 40 000, puis à 70 000, donc, d’augmenter d’un dixième, puis d’un quart le nombre de ces prétendus mercenaires. Il est arrivé parfois que des arguments de l’ordre sentimental ont été invoqués dans des questions d’armement ; Bayard, le chevalier sans peur et sans reproche, qui avait défendu à lui seul le pont du Garigliano à grands coups de son épée à deux mains, accusait de lâcheté ceux qui se servaient d’armes à feu, et Decrès, ministre sous le Consulat, refusa a priori d’examiner le premier projet de sous-marin que lui proposa Fulton, pour ce motif qu’il est contraire à la générosité du carac-