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la concentration seraient évidemment beaucoup plus lentes et beaucoup plus délicates pour une armée de milice que pour l’armée actuelle. Si l’adversaire éventuel n’a pas adopté le régime des milices en même temps que nous, ces opérations devront être protégées par des troupes de couverture plus nombreuses qu’aujourd’hui, c’est-à-dire par une véritable armée de métier, à laquelle nos troupes noires apporteraient des contingents tout prêts.


C’est commettre la même erreur que d’accuser la France de déchéance si elle fait appel, pour sa défense, à d’autres races que celles de son territoire continental, à des « peuples vaincus », à des « mercenaires » ; c’est comme appoint et non comme remplacement que les indigènes francisés prendront place dans nos rangs ; évidemment ils allégeront nos régiments de quelques milliers de malingres, qui en sont actuellement la plaie, mais dans l’ensemble, l’organisation de l’armée africaine ne pourra servir de prétexte à la diminution des charges militaires, et, tant qu’un désarmement général n’aura pas transformé l’état actuel de l’Europe, il nous faudra toujours des troupes de couverture, des unités d’instruction suffisamment fortes, des cadres pour nos formations de réserve, et la défense du sol natal exigera toujours le concours de tous ses habitants. C’est parce que ces habitants ne sont plus assez nombreux, qu’ils appellent leurs protégés à venir se battre à côté d’eux, et non pas à leur place.

Il n’est point de peuples vaincus en Afrique occidentale, il n’y a que des peuples délivrés auxquels