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se sont mélangés dans de fortes proportions, présente des qualités d’endurance, de travail et de ténacité supérieures à celles des populations de l’Algérie et de la Tunisie.

Il en est de même de la crainte de voir intervenir nos régiments noirs en cas de troubles sur le sol français. Cet argument n’a jamais été invoqué contre l’existence des tirailleurs algériens, qui forment, comme les tirailleurs sénégalais, des régiments indigènes encadrés par des officiers et sous-officiers français, et que d’ailleurs aucun gouvernement n’a jamais songé à utiliser, ni en juin 1848, ni en décembre 1851[1], ni en mars 1871. À défaut d’autres raisons, l’éloignement et la nécessité de passer la mer, qui implique l’emploi de transports envoyés à cet effet, doivent paraître suffisamment rassurants.


Les adversaires des armées permanentes ont repoussé l’organisation des troupes noires. Ils ont dit que faire appel à nos contingents d’outre-mer c’est proclamer la faillite de l’organisation actuelle. Le contraire apparaît comme évident et ici le remède est pris pour le mal. En effet, c’est l’abaissement de notre natalité qui nous oblige à employer les indigènes français : ils entrent en appoint dans l’organisation actuelle qui, mise en déficit par la diminution

  1. À ce propos on a affirmé que le coup d’État de 1851 avait été fait par « les officiers d’Afrique ». Le ministre de la Guerre, général de Saint-Arnaud, avait fait une partie de sa carrière en Algérie, comme beaucoup d’officiers à cette époque, et il est le seul militaire qui soit responsable du coup d’État. Mais ceux qu’on peut appeler les officiers d’Afrique étaient Cavaignac, La Moricière, Changarnier, Le Flô, Bedeau, Charras, et ils furent arrêtes au milieu dans la nuit, dans les circonstances que l’on sait.