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est parfois ridicule, une veste-vareuse pratique, des bandes molletières et des brodequins, enfin la chéchia classique, cette prestigieuse chéchia, qui, au fond de la brousse, constitue souvent leur seul effet d’uniforme.

L’équipement actuel se compose d’une simple toile de tente dans laquelle le tirailleur roule ses effets de rechange et ses vivres et qu’il porte, soit en sautoir, soit ficelée sur le dos, et d’une musette[1]. Il ajoute généralement quelques peaux de bouc pendues à l’épaule ou placées sur la tête. C’est suffisant pour les tropiques, même dans la steppe où la végétation permet à de petites colonnes d’improviser des abris. La toile de tente ne sert que de récipient. Mais dans la Chaouïa, où les troupes massées sur de petits espaces devaient drosser les tentes, le départ devenait difficile, surtout en temps de pluie ; il fallait le matin rouler le paquetage dans une toile mouillée qu’on venait d’abattre sur un sol boueux.

Le choix d’un équipement s’impose donc à bref délai. Il faut mettre à l’essai quelques-uns des modèles actuellement à l’étude et qui ont pour but d’obvier aux défauts du havresac actuel, dont la rigidité serait particulièrement sensible aux épaules de nos noirs. Faut-il s’arrêter à un modèle de sac en toile, avec des cartouchières de poitrine, ou diviser

  1. Cette insuffisance de l’équipement a permis de dire que nos soldats noirs, quoique bons marcheurs, ne peuvent porter le chargement normal. Cette affirmation fera sourire, non seulement ceux qui les connaissent, mais le public, qui sait que le portage, la nécessité d’employer l’homme pour le transport de toutes les marchandises, est la plaie de l’Afrique, où, comme en Europe, l’armée se recrute « dans le civil ».