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modifier, et nous ne pouvons nous contenter d’y ajouter un caban ou un tricot. Quelques officiers ont proposé de rendre aux Sénégalais leur ancienne grande tenue, qui était en noir celle que les tirailleurs algériens portent en bleu clair et les zouaves en bleu foncé et rouge : veste à la turque et veste pantalon de drap ; cette tenue très brillante, qui fait partie des traditions de ce corps magnifique, à tel point qu’il est difficile d’y faire le moindre changement, avait évidemment l’avantage de rehausser le prestige du tirailleur à ses propres yeux et favorisait dans une certaine mesure le recrutement des Sénégalais. Mais c’est l’ancienne grande tenue, uniquement de parade, qui ne peut servir en campagne. Faute de pouvoir emporter leur pesante culotte de drap, même pour une simple marche militaire, les corps algériens sont actuellement réduits à faire campagne en pantalon de toile blanche, qui prend rapidement toutes les couleurs de l’arc-en-ciel, tout en restant au combat d’une visibilité incomparable, et qui est absolument insuffisant en Europe pendant l’hiver. La veste à la turque, petit boléro très élégant, est d’une égale insuffisance. Il faut espérer que ces défectuosités, signalées de longue date, disparaîtront de nos troupes algériennes, mais ce serait un fâcheux retour en arrière d’en encombrer nos troupes sénégalaises, qui en ont été débarrassées dès 1888.

Nos tirailleurs doivent porter un uniforme simple, de couleur peu voyante, kaki ou gris bleuté, rehaussé pour la grande tenue de quelques sobres ornements : la ceinture rouge, une culotte moins étriquée que celle qu’ils portent actuellement et qui