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apprendre les langues parce que chacune d’entre elles a la sienne, qui ne lui suffit pas pour ses relations avec l’extérieur. Beaucoup d’indigènes parlent deux ou trois idiomes et les Sénégalais qui ont servi à Madagascar ou au Congo parlent tous suffisamment le français.

À des soldats de métier qui restent douze ou quinze ans au service, on peut demander davantage. Le noir cherche à s’instruire, à se rapprocher du blanc par la lecture et l’écriture ; déjà de jeunes officiers ou sous-officiers très méritants enseignent la lecture à quelques tirailleurs de bonne volonté. Des cours primaires s’établiront, et tiendront lieu des écoles que l’éloignement, les difficultés de vie et les raisons budgétaires empêchent de créer en nombre suffisant en Afrique occidentale.

Jusqu’à présent, dans nos petits détachements isolés, ni l’instruction militaire ni l’instruction primaire ne pouvaient se faire, même en station. Il fallait bâtir sa case, fortifier le poste, établir des routes, escorter des convois, faire des reconnaissances ; les taches quotidiennes prenaient tout le temps. La situation sera bien changée dans les régiments d’Algérie et dans ceux du réservoir. De cette diffusion de l’instruction ainsi donnée, on peut prévoir d’immenses conséquences pour l’avenir de l’Afrique.


L’habillement et l’équipement des nouveaux régiments restent à déterminer. L’uniforme actuel, qui est assez bien compris pour la zone tropicale, ne peut être maintenu ni en Algérie, ni surtout en Europe : la forme, l’étoffe, la couleur, tout est à