Page:Mangin, La force noire, Hachette, 1910.djvu/308

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

chef et donne à la troupe une cohésion sans égale. Personne n’y a songé.

À une augmentation de vingt mille et même de cinquante mille Sénégalais les cadres de l’armée coloniale peuvent suffire. Plus tard, si l’armée noire prend encore plus de développement, on pourra faire appel aux cadres de l’armée métropolitaine, en commençant par envoyer en Afrique occidentale, dans le « réservoir » forcément agrandi, les nouveaux coloniaux. Ils en reviendraient très certainement avec les mêmes aptitudes que leurs camarades et le même prestige aux yeux des noirs.

Les corps sénégalais d’Algérie devront recevoir une forte instruction militaire ; leur isolement par groupements compacts et leurs unités bien remplies les placent dans des conditions exceptionnellement favorables. La connaissance du français sera le premier besoin des nouveaux régiments ; le recrutement agrandi y introduira des races nouvelles dont nous connaissons les qualités militaires, mais qui ignorent à la fois le français et la langue qui sert aujourd’hui à l’instruction parce qu’elle est comprise par l’immense majorité des recrues. Il faudra donc veiller à ce que l’instruction se fasse désormais en français et non en bambara ; chaque commandant de compagnie fera établir un vocabulaire sommaire des langues parlées dans son unité, et en très peu de temps, de nombreuses expériences le démontrent, ses hommes sauront du français les deux ou trois cents mots indispensables à la vie militaire. Le reste viendra ensuite, peu à peu.

Les populations de l’Afrique occidentale, qui sont en général très mélangées, ont des dispositions à