Page:Mangin, La force noire, Hachette, 1910.djvu/304

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

un certain prestige : en Afrique occidentale, nos administrateurs, peu nombreux, ayant une grande responsabilité et un grand pouvoir, représentent très dignement la France, nos officiers et nos sous-officiers — (nos sous-officiers sont tous rengagés) – ont l’autorité du grade et le prestige de leur courage. Comme l’Européen ne résiste dans ce climat pénible que dans certaines conditions de confort, il coûte cher, et les entreprises commerciales qui l’emploient s’efforcent de le bien choisir ; la bonne tenue de tous est maintenue par les vieilles maisons de commerce du Sénégal dans lesquelles le chef de la maison préside la table où viennent s’asseoir tous ses employés européens. L’individu isolé ne peut réussir que s’il possède des qualités tout à fait exceptionnelles de ténacité et d’intelligence, sinon il disparaît rapidement. Si les Français ont le respect et l’affection des noirs, c’est parce que, d’une façon générale, ils s’en montrent dignes. Il faut garder précieusement ces sentiments de nos protégés, que le séjour dans les villes entraînerait forcément dans des bas quartiers où ils rencontreraient des promiscuités regrettables. Sans doute ils sauraient faire la différence. Mais pourquoi leur enseigner qu’il y a des différences ? Pourquoi mettre en permanence sous les yeux de ces simples des tableaux fâcheux ?

De plus, le stationnement hors des villes les fera échapper au contact prolongé avec la population arabe, au café maure, et enlèvera toute chance à la propagande islamique.

Il faut éviter également de les mettre dans les garnisons normales des tirailleurs algériens, qui, sous le rapport du campement, du couchage, de l’ordi-