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blie par le grade du mari, dont il faut tenir compte. Mais que sont les petits inconvénients auprès des immenses avantagée ?

Car les femmes des tirailleurs ne sont jamais gênantes. En route, dans les changements de garnison, elles marchent crânement à leur place dans la colonne, leur mioche attaché dans le dos, et portant sur la tête tout le bagage de la famille. Pendant les expéditions, elles restent au camp. En cas d’alerte inopinée, pas de cris inutiles, nul désordre ; un convoi de femmes est-il surpris, elles secondent l’escorte. Ces vaillantes vont au besoin porter des cartouches sur la ligne de feu[1]. Les familles de tirailleurs ne seront jamais un encombrement ; si les unités d’Algérie sont mobilisées pour une action extérieure, elles resteront sur place, ou bien seront renvoyées au Sénégal par les bateaux qui viendraient amener des recrues noires en Algérie.

Nos soldats noirs seront donc dans des camps, à proximité des voies ferrées, afin d’être rapidement transportables, mais assez éloignés des villes.

Ce sont des primitifs, qui ont le respect de l’Européen, qui s’est toujours montré à leurs yeux avec

    un âne ou un bœuf, et c’est un spectacle encore fréquent en Algérie. Il scandalisera nos noirs, dont les femmes travaillent, mais sont bien traitées (Voir Gaston Boissier. l’Afrique romaine).
    M. l’Ambassadeur René Millet, ancien résident général en Tunisie, à son retour du Maroc, signale dans les camps de la Chaouïa : « l’excellent aspect des troupes noires… de leurs smalas installées sur le front de bandière et donnant à tout le camp l’aspect de la plus scrupuleuse propreté. » Bulletin du comité de l’Afrique française, déc. 1909. p. 410

  1. Nous avons vu qu’au combat de Talmoust (14 Juin 1908) une femme de tirailleur fut tuée et deux autres blessées en semblable circonstance.