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Ces 1 650 hommes, dont l’incorporation ne nécessite aucune augmentation de cadres, amorcent la constitution du « réservoir » qu’il faut créer en Afrique occidentale pour pouvoir y puiser, au fur et à mesure de nos besoins, des hommes instruits qui iront tenir garnison en Afrique septentrionale, et qui permettront, d’une part, le retour en France des contingents d’origine française qui servent en Algérie-Tunisie, d’autre part une augmentation de nos régiments de tirailleurs algériens par voie d’appel.

La race noire vit et se multiplie sous des climats beaucoup plus froids que celui de l’Algérie et de l’Europe centrale, aux États-Unis d’Amérique par exemple, dont la population de couleur est originaire de notre Afrique occidentale ; et sur le sol même de l’Afrique septentrionale des populations noires ont vécu longtemps : en Algérie, où la suppression de la traite a tari la source des apports fréquents, elles sont en presque totalité fondues dans la population indigène ; mais au Maroc, bien qu’en diminution par suite des mêmes mélanges, elles subsistent encore à l’état de groupement. Il n’est donc pas douteux que nos Sénégalais puissent vivre dans n’importe quelle partie de l’Algérie, et à plus forte raison y faire campagne pendant quelques mois, en toute saison. De plus, elles ont été en expédition avec des troupes européennes et algériennes au Sénégal, au Dahomey, à Madagascar, au Maroc, sans le moindre inconvénient ; le bataillon sénégalais qui fait encore partie du corps de débarquement de Casablanca est mélangé avec des troupes tirées du 19e corps, tirailleurs algériens, légion, artilleurs, chasseurs d’Afrique, spahis, et la meilleure cama-