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Néanmoins on peut penser que le développement du commerce et de la colonisation et la pénétration des voies ferrées amèneront une hausse de la main-d’œuvre dans certaines régions de plus en plus étendues. Cette hausse pourrait être très forte et concurrencer les faibles soldes de nos tirailleurs ; sans perdre leurs qualités militaires, certaines populations se détourneraient du service, comme l’ont déjà fait les populations urbaines du Bas-Sénégal, qui sont au contact avec le commerce européen depuis le xviie siècle. Le recrutement serait alors limité aux régions les plus éloignées, qui, plus tard, dans une ou deux générations, seraient destinées à nous échapper.

Il serait évidemment fâcheux que notre recrutement fût limité à certaines régions éloignées ; le mélange des races est très utile à nos troupes indigènes, parce que les qualités militaires de chacune d’elles se complètent heureusement : le Toucouleur et le Ouoloff sont plus fiers, plus intelligents, le Bambara et le Mossi sont plus disciplinés, plus tenaces. Et le rôle que nous réservons aux tirailleurs retraités dans la société indigène, dans l’administration et la colonisation, dans le progrès de la civilisation en Afrique est tel que toutes les populations doivent comprendre un certain nombre de ces précieux agents et contribuer par conséquent à ce recrutement de nos troupes.

Ces transformations nous paraissent très lointaines et nous comptons sur la présence des tirailleurs retraités pour conjurer dans une très large mesure leurs effets sur le recrutement. Les avantages du service militaire et surtout celui de la retraite seront