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veront pour d’autres hommes, qui auront par exemple deux ou trois femmes au lieu d’une ou deux, et le nombre des enfants ne diminuera pas. Par contre le tirailleur, qui reste rarement célibataire pendant toute sa carrière, épousera d’autres femmes prises dans d’autres villages.

Donc le recrutement de 7 000 à 7 500 hommes ne peut nuire ni à l’exécution des travaux entrepris, ni à l’agriculture, ni à la natalité.


À toute organisation basée sur l’engagement volontaire et le rengagement on peut faire le reproche de manquer de stabilité, qu’encourent les régiments de tirailleurs algériens, de légion étrangère, de spahis, d’infanterie et d’artillerie coloniale, la gendarmerie, la garde républicaine. Ces corps vivent, quoiqu’ils n’aient pas de ressources fixes, et ils sont semblables à des capitalistes dont les revenus sont très certains, quoique variables. Ce sont de telles ressources qui nous servent de base ; nous sommes partis de chiffres déjà obtenus qui, par une organisation du recrutement, pourraient être augmentes. Les tirailleurs retraités, de plus en plus nombreux dans la population, seront d’excellents agents de recrutement par leur présence seule ; actuellement il faut à l’indigène 15 ans de services pour avoir droit à sa retraite proportionnelle ; nous proposons de réduire ce chiffre à 12 ans, comme pour les tirailleurs algériens, en maintenant le taux annuel de 135 francs. Nous aurons ainsi plus d’agents recruteurs, plus de rengagés dans les corps et dans les réserves, plus de vétérans en état de porter les armes. Le temps doit donc fortifier l’armée noire.