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40 000 indigènes pour mener une vie qu’ils estiment pénible que d’en trouver 7 800 pour mener une vie qu’ils trouvent agréable.

En effet, sur 2 714 hommes libérables pendant l’année que nous avons considérée, nous avons eu 2 025 rengagements ; 689 hommes ont quitté le service, dont environ 300 parce qu’ils avaient atteint leur retraite proportionnelle ou que leur rengagement a été refusé pour raison de santé ou de mauvaise conduite ; il reste environ 400 hommes qui ont préféré rentrer dans la vie civile, soit 1 sur 7 environ.

Les raisons économiques, telles que l’augmentation des salaires et les facilités de la culture, n’ont pu contre-balancer les effets de la retraite proportionnelle à 15 ans de service, étendue aux troupes indigènes en 1906, qui commencent seulement à se faire sentir.

D’autre part, pour démontrer que le recrutement tel que nous le comprenons est de nature à nuire à l’agriculture, qui est la base même de la vie indigène, il faudrait établir que les conditions du travail agricole sont différents dans la race noire et dans la race blanche, par exemple que le noir seul travaille et qu’il ne trouve pas chez sa femme et ses enfants le secours que rencontre le paysan d’Europe. Or c’est précisément le contraire qui est la vérité : le noir travaille très peu aux champs ; sa femme et ses enfants font presque toute la besogne. Il se contente de diriger, généralement d’assez loin. Donc, dans un pays de polygamie, l’absence de quelques hommes dans un village ne peut avoir pour effet de diminuer la superficie cultivée, pas plus que de diminuer la natalité : les femmes qu’ils auraient épousées culti-