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annuel de 30 000 à 40 000 hommes que nécessite cette main-d’œuvre.

Et en même temps nos protégés étaient employés à des constructions de voies ferrées dans des colonies étrangères, comme la Côte d’Or anglaise ou l’Angola portugais, et le recrutement clandestin des agents étrangers nous a été révélé par le retour des hommes licenciés dont un certain nombre se sont engagés dans nos troupes.

Nous avons le plus grand intérêt, non seulement au point de vue économique, mais aussi au point de vue militaire, à l’achèvement et même au prolongement de tous ces chemins de fer, qui vont rapprocher de la côte, donc de la France et de l’Algérie, les régions peuplées de l’intérieur ; la ligne de Conakry-Niger, qui sera terminée à la fin de 1910, nous permettra de placer en Haute-Guinée un nouveau régiment, qui ne sera qu’à douze jours de Marseille ou de Bordeaux ; par la ligne de Thiès-Kayes, les réserves de l’ancien Soudan seront à la même distance de ces ports. Mais les travaux d’aucune de ces lignes n’ont été entravés par notre recrutement intensif et par à-coups il n’y a aucune raison de supposer qu’ils le seront quand le même nombre d’hommes sera levé par une organisation méthodique, qui implique, par l’utilisation de populations nouvelles, le développement de la base sur laquelle repose en ce moment notre recrutement.

Un fait prime tout : les travailleurs de profession sont très peu nombreux sur les chantiers ; le noir y reste difficilement, tandis que le tirailleur, non seulement ne déserte pas, mais rengage. Il paraît impossible de dire qu’il est plus facile de trouver