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dresser contre elle les bienfaits mêmes dont elle a comblé le pays et que, sous prétexte d’assurer aux populations la jouissance un peu plus complète de ces bienfaits, elle se vit refuser le droit de faire contribuer les tirailleurs sénégalais à sa propre défense.

Mais il est facile de se rendre compte qu’en maintenant le recrutement actuel, en l’augmentant même légèrement par l’utilisation de ressources nouvelles, nous ne nuisons pas au développement économique du pays, et même que nous favorisons ce développement dans l’avenir.

La population de l’Afrique occidentale française dépasse aujourd’hui dix millions d’habitants ; cette population, qui fournirait en Europe un contingent annuel de 55 000 hommes, nous a donné de 5 000 à 7 800 hommes par an ces deux dernières années ; nous pensons qu’on pourrait lui demander très raisonnablement 10 000 hommes dès maintenant et environ 12 000 un peu plus tard, mais nous proposons de rester un peu au-dessous de ce chiffre et de n’incorporer pour les troupes régulières, que 7 000 ou 7 500 hommes par an.

C’est la continuation d’un effort qui a déjà été fourni, et qui, malgré des circonstances très défavorables, n’a gêné en rien l’exécution des grands travaux en cours. Car, en même temps que l’Afrique occidentale entretient 20 000 hommes sous les armes, qui nécessitent un recrutement annuel d’environ deux mille hommes, elle a sur ses chantiers plus de 30 000 travailleurs : mais c’est à peine si 4 à 5 000 y sont des ouvriers de métier ; le reste y est remplacé une ou deux fois par an ; c’est donc un recrutement