Page:Mangin, La force noire, Hachette, 1910.djvu/291

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

service militaire, qui donnait satisfaction à leurs instincts guerriers ; et d’ailleurs elles n’y rencontrent plus les mêmes avantages. On peut donc en conclure qu’un nombre un peu important de soldats ne pourrait être obtenu qu’en imposant sous une forme quelconque un service militaire qui serait une lourde charge pour le pays.

3° Enfin, il faut penser, non seulement au présent, mais à l’avenir. L’Afrique occidentale pourrait nourrir un nombre d’habitants bien plus considérable qu’aujourd’hui. Elle se remet à peine des guerres millénaires qui l’ont dépeuplée. En enlevant à leur village un grand nombre de mâles, nous arrêtons le développement de l’agriculture et nous abaissons la natalité.

Une simple réflexion pourrait suffire à écarter toutes ces objections : cette ère de très réelle prospérité qui s’ouvre pour l’Afrique occidentale résulte avant tout de la paix française, que nous avons assurée, d’abord au Sénégal en rejetant les Maures dans le désert, puis au Soudan et au Dahomey, en faisant cesser les luttes intestines et en détruisant les dominations oppressives ; elle est avant tout l’œuvre des soldats français, du sang qu’ils ont versé à la tête des troupes indigènes sur cette terre jusqu’alors ingrate ; elle est l’œuvre des administrateurs français, et chacun d’eux sait que s’ils se retiraient aujourd’hui, le pays tout entier retomberait dans une anarchie pire que celle dont nous l’avons tiré ; elle est l’œuvre des capitaux français, garantis par le budget de la métropole, qui permettent en ce moment l’exécution de tous ces grands travaux. Il serait vraiment extraordinaire que la France vît se