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nant l’état actuel de la population, nous avons vu qu’elle contenait un mission d’hommes en état de faire campagne, dont la moitié entre seize et vingt cinq ans, capables d’entrer dans nos régiments.

Mais nous pouvons tabler sur des résultats positifs, ceux de l’expérience, du fait acquis, constaté, qui paraîtront plus concluants que les intuitions, les renseignements historiques, et les chiffres théoriques.


Pendant les deux années 1907 et 1908, il a fallu non seulement entretenir les effectifs présents, mais créer deux bataillons nouveaux au Congo et onze brigades de garde indigène en Afrique occidentale, et de plus envoyer deux bataillons au Maroc. Un recrutement extraordinaire s’est imposé du 1er juillet 1907 au 1er juillet 1908, 7 068 indigènes ont été incorporés dans les troupes régulières et en même temps les forces de milice s’augmentaient de 800 hommes. Il a donc été levé 7 868 hommes en un an.

Ce recrutement très brusque s’est effectué sans aucune préparation, par à-coups, au fur et à mesure des besoins, et sans tenir compte des saisons, qui ont une grande importance chez des populations presque uniquement agricoles. Pour la défense de la colonie on a placé nos troupes régulières sur les frontières et sur la côte, ou à proximité des voies de communication qui y mènent ; elles sont très éloignées des centres de population les plus importants, que les fréquentes interruptions du recrutement n’ont pas permis d’atteindre. En organisant le recrutement et en plaçant les troupes régulières dans les régions peuplées, le Niger supérieur