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On est un peu gâté au Congo par la présence des tirailleurs sénégalais déjà francisés, qui arrivent, sinon instruits, du moins dégourdis, ne fût-ce que par le voyage, et qui paraissent très supérieurs aux indigènes ; la nécessite d’utiliser immédiatement toutes les troupes de renfort empêche d’instruire ces derniers, qui entrent en campagne aussitôt après leur engagement. Mais avec une organisation normale, qui permettrait l’instruction régulière dans des camps établis à cet effet, on arriverait, grâce a nos gradés sénégalais, à des résultats certainement supérieurs à ceux qu’obtiennent les Belges[1].

Notre Afrique équatoriale nous garde donc des réserves d’avenir qui seront pleinement utilisables dans une ou deux générations, au moment où sa population, qui aura au moins doublé, se sera francisée comme celle de l’Afrique occidentale.


Les esprits clairvoyants ont eu de longue date l’intuition de la Force Noire et les ressources militaires de l’Afrique occidentale ont été alors chiffrées à cent ou deux cent mille hommes. Un rapide historique nous a montré que son territoire, à une époque assez rapprochée de nous, avait pu voir environ trois cent mille guerriers en armes. — Enfin, en exami-

  1. L’État Indépendant du Congo. Recueil administratif publié à Bruxelles chez Vanburgenhondt, 42, rue d’Isabelle : Force publique, p. 204-449. – L’instruction des indigène se donne dans des camps isolée et elle est très soignée : « tout commandant de compagnie qui voit entraver l’instruction de sa troupe pour quelque motif que ce soit a le devoir de recourir directement à l’autorité du Gouverneur général », en fait le lieutenant-général baron Wahis, qui a pris ses fonctions en 1894 comme colonel des grenadiers de la garde royale.