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trente-cinq ans, c’est-à-dire en état de figurer dans nos rangs[1].

Notre Afrique équatoriale (Gabon-Congo-Oubanghi-Tchad) est loin de présenter les mêmes ressources en ce moment. Ses 8 ou 10 millions d’habitants sont établis en grande partie dans les clairières de la forêt équatoriale et possèdent au suprême degré les caractères sauvages des populations forestières. On compte que, dans ce groupe de colonies, 27 p. 100 du territoire sont occupés et administrés effectivement, 20 p. 100 sont soumis à l’influence administrative, 53 p. 100 échappent à toute influence. Nous y entretenons 4 200 hommes, la plupart Sénégalais ; il en faudrait le double.

Notre œuvre ne fait que commencer quand le contact normal aura été pris avec les populations, que le pays sera sillonné de routes ; quand les richesses de la forêt, révélées aux indigènes, seront normalement exploitées, quand nous aurons fait disparaître l’anthropophagie, le poison du féticheur et la maladie du sommeil, l’air et le soleil pénétreront sous les sombres voûtes de la grande forêt, « à travers les Ténèbres de l’Afrique », et ses hôtes subiront des transformations profondes et rapides.

Dès maintenant, certaines populations peuvent assurer en partie le recrutement de nos compagnies de tirailleurs : d’abord celles qui peuplent les rives des grands fleuves, que la présence de l’Européen a déjà commencé à transformer et qui nous donnent

  1. Revue de Paris du 1er  février 1090, op. laud. L’auteur arrive à la même conclusion par un procédé différent, en additionnant le nombre des hommes de cette catégorie compris dans chaque population utile an recrutement.