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chiffre que nous donnent les documents officiels pour la population totale.


Au point de vue de leur utilisation nous n’avons pas à distinguer les musulmans des fétichistes.

Le danger de la guerre sainte, qui oblige tous les musulmans à s’armer contre les chrétiens, n’est pas à redouter en Afrique occidentale, à cause de la différence des races qui enlèverait toute cohésion à un mouvement de cette nature, et des populations fétichistes qui isolent les centres musulmans. Nous avons eu à lutter à diverses reprises contre de véritables prophètes, comme El Hadj Omar, Ahmadou et Mahmadou Lamine, et contre des chefs de guerre qui s’étaient entourés du prestige religieux, comme Samory, et à aucun moment la fidélité de nos soldats indigènes n’a donné lieu à la moindre inquiétude.

Constatons toutefois que les populations musulmanes fournissent environ le tiers de nos soldats noirs, et que par l’extension de notre recrutement, cette proportion va se réduire de plus en plus et ne sera guère que du cinquième.

Nos premières compagnies de tirailleurs étaient formées par les Ouoloffs du Bas-Sénégal et par les Toucouleurs, métis des peulhs qui sont probablement des Berbères libyens ; les Toucouleurs sont le produit des derniers croisements, mais il semble bien que les Peulhs aient donné autrefois beaucoup de sang aux populations Mandés[1]. À ces éléments fixes,

  1. Au sujet de l’origine bien incertaine de toutes ces races, lire l’ouvrage du capitaine Pietri : les Français au Niger, le Voyage du Niger au golfe de Guinée, par le capitaine Binger, et,