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oblige à servir en tenant garnison dans leur pays d’origine ?

On pourrait penser à masquer la différence de traitement par une différence d’utilisation, par exemple en incorporant le contingent du Bas-Sénégal dans le 6e régiment d’artillerie coloniale, qui compte autant d’Européens que d’indigènes, et dans les compagnies mixtes d’ouvriers d’artillerie ou d’administration. Mais cette assimilation à l’Européen paraîtra sans doute une faveur encore plus grande. De quelque façon qu’on s’y prit, l’injustice serait là, vivement ressentie par nos tirailleurs.

Nous pensons donc que, pas plus au Sénégal qu’en Algérie, il ne faut lier la question des droits politiques avec celle du service militaire obligatoire ; la nécessité ne s’impose pas plus du service militaire pour les électeurs du Sénégal que des droits électoraux pour les Arabes qui seraient forcés da servir dans nos régiments, et, pour la bonne réussite de notre organisation, nous ferons volontiers le sacrifice des dix mille électeurs du Sénégal, négligeables dans l’ensemble.

Nous nous refusons à proposer, soit l’incorporation pure et simple de ces Sénégalais dans nos régiments indigènes où ils souffriraient beaucoup, soit la création à leur profit de corps favorisés, création blessante pour tous nos soldats noirs.

Car l’ensemble de tous les déchets et des pertes dues aux utilisations imparfaites ne représente pas plus de deux millions d’habitants.

Nous sommes ainsi ramenés au chiffre de dix millions pour la population de l’Afrique occidentale capable de nous donner immédiatement des soldats,