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quelques fruits. Certes il ne s’agit pas d’exclure systématiquement de nos rangs les populations forestières ; ce serait les priver du meilleur moyen de se rapprocher de nous, et dès que notre œuvre aura reçu un véritable commencement d’exécution, nous pourrons utiliser leurs qualités guerrières. Mais en ce moment elles représentent seulement une réserve pour un avenir assez rapproché.

Certaines populations côtières, particulièrement au Dahomey, ont fourni des contingents qui ont médiocrement supporté les rudes épreuves de nos campagnes au Congo. Sans les repousser complètement et jusqu’à plus ample informé, il conviendra de n’accepter dans ces régions que des sujets d’élite et de surveiller la façon dont ils se comporteront.

Dans le Bas-Sénégal, l’activité des populations urbaines s’est tournée vers le commerce et les professions manuelles. Nous ne pouvons oublier que les ouvriers de Gorée et de Saint-Louis ont figuré à l’avant-garde de nos colonnes à l’époque de Faidherbe : le fusil était alors leur outil de prédilection. Peut-être pour une lutte défensive pourrait-on utiliser les qualités dont ils ont certainement hérité. Mais on ne trouve plus parmi eux que de très rares volontaires et la solde des tirailleurs ne peut concurrencer les hauts salaires des entreprises privées. Leur mode de vie, qui se rapproche de l’existence européenne, les éloigne de nos corps indigènes, auxquels nous gardons jalousement leur rusticité.

Il a été question à diverses reprises, d’appliquer la loi du recrutement dans les communes de plein exercice du Bas-Sénégal. Elles élisent un conseil général et un député siégeant au Parlement fran-