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plades non encore administrées, soit par la connaissance plus complète des groupements déjà placés sous notre autorité. Dès maintenant on peut admettre que le total est certainement supérieur à douze millions d’habitants.

L’énorme majorité de la population est composée de sédentaires agriculteurs ayant autrefois donné des preuves de leurs qualités guerrières et ayant déjà figuré dans les rangs de nos soldats. Néanmoins il y a des exceptions dont il faut tenir compte dans l’évaluation de nos futurs contingents. Excluons d’abord les nomades, Maures et Touaregs ; bien qu’ils fournissent déjà à nos formations méharistes des auxiliaires précieux et dont le concours sera utilisé de plus en plus, c’est dans le désert seulement que nous pouvons les employer, et il ne faut pas les compter dans les forces que nous allons constituer et qui seront utilisables sous toutes les latitudes. C’est tout au plus s’ils entreront en déduction, dans une mesure assez restreinte, des forces que nous entretenons pour la garde de nos confins sahariens.

Les populations forestières de la Côte d’Ivoire, et certaines tribus de la Basse-Casamance et de la Haute-Guinée ne sont pas en ce moment en état de nous fournir des soldats ; la grande forêt leur a gardé un particularisme étroit, avec des mœurs sauvages et souvent cruelles : elle a empêché la constitution de groupements importants, l’échange des idées, le mélange des races, et a maintenu les hôtes de ses clairières dans une véritable anarchie. Il faut attendre que la prise de contact ait été complète, que les bienfaits de notre pénétration aient été compris et que notre politique d’apprivoisement ait porté