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la brèche aux buffles.

Par conséquent tout le monde dans le pays savait ce dont il s’agissait. Chacune de ces villes possédait assurément une organisation judiciaire. Nulle part il n’est dit que les autorités se soient inquiétées de ce qui se passait.

Du reste, cette expédition aboutit d’une manière assez singulière. Quand on arriva dans les environs du ranch de Pat Coghlin, on apprit que Billy-the-Kid s’était séparé de son associé et qu’il s’était retiré avec sa bande dans une localité assez éloignée. À l’instar de Joconde, cet honorable personnage avait beaucoup parcouru le monde, et comme ce n’était pas précisément par des actes de vertu qu’il avait signalé son passage, il était arrivé que tant de comtés, d’États et de corporations avaient promis des récompenses honnêtes à qui l’amènerait mort ou vif, que sa capture promettait d’être une excellente affaire. Aussi, malgré les instructions formelles qui lui prescrivaient de rechercher d’abord des bœufs volés, Stuart, le commandant de l’expédition, n’hésita pas à se lancer à sa poursuite. Billy fut arrêté. Mais Stuart, ayant gardé ensuite pour lui tout seul l’argent qu’il toucha, fut obligé de se sauver pour n’être pas pendu par ses hommes, qui se débandèrent aussitôt.

Du temps des grandes compagnies, beaucoup d’expéditions devaient tourner de la sorte. La suite de l’histoire n’intéresse plus ma thèse, mais elle est si jolie, que je ne résiste pas à l’envie de la reproduire.

Après avoir été arrêté malgré une défense héroïque, Billy avait été livré aux autorités du comté de Lincoln ; or cette ville s’était bien offert le luxe d’un palais de justice (court-house), mais elle n’avait pas de prison. Le sheriff, Pat Garret, était donc obligé de garder ses prisonniers dans son bureau, situé au premier étage