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la brèche aux buffles.

lieu. Ensuite, après une station prolongée dans les cabarets de la ville, toute la troupe reprit paisiblement le chemin du ranch, non sans avoir charitablement informé les citoyens terrifiés de C… City que, s’ils ne surveillaient pas mieux les agissements de leur juge, les choses se passeraient moins tranquillement à la première incartade qu’il se permettrait.

Comme je le disais en commençant, c’est un des acteurs qui m’a raconté hier cette histoire, qu’il avait l’air de trouver toute naturelle. Tous nos cow-boys l’ont écoutée comme moi et ont semblé y prendre un plaisir extrême. Les hauts barons du moyen âge, dont parle Froissart, n’agissaient pas autrement.

Je raconte cette anecdote parce qu’elle vient de se passer presque sous mes yeux. En voici une autre qui remonte à quelques années et que j’extrais d’un livre qui a beaucoup de succès en ce moment aux États-Unis. Il est intitulé : A Texas cow-boy. L’auteur, Char. A. Siringo, raconte les aventures de sa vie, et tout le monde me dit que ses récits sont scrupuleusement vrais.

Il paraît que, en 1881 ou 1882, les ranchmen du Panhandle, une immense prairie du Sud-Est qui touche au chemin de fer de l’Union-Pacific, s’étaient aperçus qu’on leur volait depuis quelque temps beaucoup de bestiaux. Leur association employa quelques agents à faire une enquête, et l’on découvrit que le voleur n’était autre qu’un certain Billy-the-Kid (Billy la Chèvre), un ancien cow-boy devenu chef de bande après de nombreux différends avec la justice, démêlés dans lesquels, du reste, il n’avait pas toujours eu tous les torts[1]. Ce Billy-the-Kid enlevait, dans le Panhandle,

  1. Billy-the-Kid était employé comme cow-boy dans un ranch qui appartenait à un jeune Anglais auquel il était fort attaché. Cet