Page:Mandat-Grancey La brèche aux buffles - 1889.djvu/79

Cette page a été validée par deux contributeurs.
63
la brèche aux buffles.

quilles Normands. Ils bousculaient les gars, ce qui amena deux ou trois batailles et un échange de jurons internationaux tout à fait instructif. Puis, quand ils avaient pris le cheval, ils attachaient de longues cordes à son licol, et douze ou quinze d’entre eux s’y attelant tiraient en avant la malheureuse bête pendant que d’autres la tapaient par derrière avec de gros bâtons. Les chevaux étaient littéralement affolés. La plupart finissaient par prendre le galop et escaladaient la passerelle. Mais d’autres mordaient et se cabraient avec fureur, et puis finissaient par se coucher, et il fallait les traîner. Comment les deux tiers n’eurent-ils pas les jambes cassées ? Voilà ce que je n’ai jamais pu comprendre, étant donnée la nature plus que sommaire des installations que la bonne ville du Havre met à la disposition des armateurs. Les bons Havrais, comme les Parisiens, tiennent avant tout à s’offrir le luxe d’un conseil municipal qui soit dans le mouvement et qui s’occupe des grandes questions vraiment dignes d’hommes politiques aussi distingués : comme la laïcisation des hôpitaux. On s’occupera plus tard des affaires de la ville. Seulement, les éleveurs percherons sont déjà obligés d’embarquer leurs chevaux sur des navires anglais, parce que les armateurs français ne veulent pas les prendre ; ils les font assurer par des compagnies anglaises, parce que les compagnies françaises ne veulent pas accepter ces sortes de risques ; ils finiront peut-être, si l’on n’y prend pas garde, par être obligés de les expédier d’Anvers ou de Londres : j’en connais qui le font déjà.

Les premiers jours de septembre ont été remarquablement mauvais sur l’Atlantique. Un ouragan descendu du nord a causé des désastres sur les côtes des