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la brèche aux buffles.

Aussi les voisins n’attachèrent-ils aucune importance à cette petite scène. Quel ne fut donc pas leur étonnement, en apprenant le lendemain matin qu’un passant matinal avait découvert M. Harding dans le costume le plus sommaire, attaché soigneusement par les pieds et par les mains à un arbre tout près de sa maison ! Il avait raconté que, après avoir reçu sa petite correction, sa femme l’avait fait boire un peu plus que de raison et puis l’avait mis dans l’état où on le voyait : ensuite, elle lui avait cassé sur le dos tous les manches à balai de la maison et puis s’était éloignée, emmenant avec elle tous les chevaux, mules et bœufs de la ferme, mais laissant derrière elle ses enfants. On a appris depuis qu’elle avait été offrir le tout, ainsi que son cœur et sa main, à un vieux guerrier indien dont elle embellit le wigwam en qualité de quatrième femme et qui la roue de coups, ce qui ne venge même pas l’infortuné Harding, car son infidèle épouse se déclare la plus heureuse des squaws et des sorcières.

Samedi 24 septembre. — Nos docteurs nous ont quittés depuis deux jours, à notre très grand regret. Ils semblent, eux aussi, emporter un bon souvenir de la vie qu’ils ont menée ici, car le docteur P… nous a déclaré qu’il était bien décidé à revenir l’année prochaine passer deux mois ici pour se reposer, dans l’exercice de la profession de cow-boy, des fatigues qu’il va éprouver en prodiguant ses soins aux poumons aristocratiques qui l’attendent à Cannes.

Ce qui a forcé ces messieurs à nous quitter si rapidement, c’est que, partis de France avec la foule des docteurs qui venaient en Amérique pour le congrès, ils veulent aller rejoindre, à New-York, la troupe austère de leurs collègues qui « ont participé, jusqu’à la