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la brèche aux buffles.

réunis en une masse tourbillonnant sur le flanc d’une colline. Sans leur donner le temps de se reconnaître, les boys les chargent à grands cris, et toute cette masse s’ébranle au galop dans la direction du cañon par lequel nous sommes nous-mêmes venus. L’honneur est sauf ! Pas un de nos docteurs n’est tombé ! Ils semblent même maintenant prendre tout à fait goût à ce genre de sport. P… et G… galopent à travers les bœufs avec l’assurance de vieux cow-boys ; quant au docteur Ch…, il est tellement enthousiasmé qu’il a pris un de ses serpents par la queue et s’en sert comme d’un fouet pour pousser les bœufs devant lui. Échange-t-on des discours à l’Académie de médecine quand on y reçoit de nouveaux élus ? Je n’en sais rien. Mais si cette formalité est observée, au jour, que j’espère prochain, où le docteur Ch… sera reçu dans cette docte assemblée, je livre au récipiendaire cette véridique histoire à titre de document, et je suis sûr qu’il aura un bien beau succès en la racontant, car enfin, combien y a-t-il à Paris de médecins dont on peut dire qu’ils ont fait sauver devant eux trois cents bœufs en les fouaillant avec un serpent à sonnettes ?

Nous avons pu offrir à nos hôtes les plaisirs de l’équitation : nous avons été moins heureux du côté de la chasse. Je ne sais pas ce qui est arrivé cette année aux couvées, mais on ne voit pour ainsi dire pas de poules de prairie. Les jack rabbits (lièvres) et les cotton tails (lapins) sont aussi assez rares. En fait de quadrupèdes plus importants, nous n’avons rencontré qu’un daim. Pourtant les boys en voient presque tous les jours, ainsi que des mouflons (mountain sheep). Il n’y a plus beaucoup d’ours dans le pays. Cependant on en a tué un le printemps dernier qui pesait onze cents livres ! On a