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la brèche aux buffles.

qu’elle reçoit, je la considère comme une très bonne et très honnête fille, et que je serais assez étonné qu’elle tournât mal[1]. Elle m’a parlé de son désir d’entrer dans un ranch comme cow-girl pour gagner quelque argent, afin d’aider son père adoptif, qu’elle aime beaucoup et qui est excellent pour elle. On commence à parler de quelques cow-girls. Dernièrement les journaux de Chayenne ont raconté qu’une bande de quelques centaines de bœufs venait d’être amenée de très loin par quatre cow-girls. Dans la troupe qu’il exhibe en ce moment à Londres, Buffalo-Bill en a quelques-unes qui sont, paraît-il, d’une adresse extraordinaire à la carabine. Il faut venir en Amérique pour voir des choses comme celles-là. Il n’y a pas une fille de fermier de ce pays-ci qui consente à traire les vaches ; il n’y en a pas une sur dix qui daigne faire la cuisine pour son père ou son mari. En revanche, elles se font cow-girls.

Les époux Rogers n’ont pas, jusqu’à présent, sacrifié à un vain luxe sous le rapport du logement. C’est un log-house carré de huit ou neuf pieds de côté tout au plus, et haut de six, qui les abrite. Il n’a même pas de plancher, et le toit se compose simplement de quelques traverses recouvertes de mottes de gazon. C’est là dedans que vit toute la famille, aussi bien l’été, quand il y a trente-cinq degrés de chaleur, que l’hiver, lorsque tout le mercure du thermomètre dégringole dans la boule. Le mari et la femme couchent dans une espèce de grabat, à gauche en entrant ; la fille couche dessous, enveloppée dans une peau de buf-

  1. Février 1887. Je viens d’apprendre le mariage de Bessie Rogers avec « Dutch Gus », un des cow-boys de Fleur de Lis.