Page:Mandat-Grancey La brèche aux buffles - 1889.djvu/43

Cette page a été validée par deux contributeurs.
28
la brèche aux buffles.

jours. Nous avons perdu l’année dernière une jument de cette façon : quand ils sont piqués à une jambe ou au flanc, ils sont très malades pendant quelques heures, enflent énormément, mais ne meurent pas.

Les cow-boys, qui, par parenthèse, les craignent horriblement, prétendent qu’il y en a maintenant bien plus qu’autrefois, et la raison qu’ils en donnent est bien singulière. Ils disent que toutes les fois qu’une antilope voit un serpent à sonnettes, elle le tue en lui cassant les reins d’un coup de ses deux pieds de devant réunis. Or les antilopes, très nombreuses autrefois, ayant été chassées par les bestiaux des ranchmen et surtout par les cultures des fermiers, on s’expliquerait l’abondance des serpents à sonnettes, si tant est que l’histoire soit vraie, ce qui ne me paraît pas prouvé. Dans tous les cas, les chevaux en ont une peur affreuse ; ils font des écarts énormes dès qu’ils les aperçoivent, ou même dès qu’ils entendent leurs sonnettes, mais ne cherchent jamais à les tuer. Les journaux ont même raconté dernièrement une aventure bien amusante. Une compagnie de cavalerie régulière avait reçu l’ordre d’aller du fort Meade au fort Laramie. On campa un soir sur les bords de la Platte. Les chevaux furent mis au piquet. Le matin, quand le jour fut bien levé, on s’aperçut que des serpents à sonnettes grouillaient littéralement dans le camp. Les chevaux prirent peur, brisèrent leurs entraves, se sauvèrent : il fut impossible de les rattraper, et la cavalerie arriva à pied à sa destination.

Pendant le déjeuner, on discute le programme des divertissements de la journée. Les docteurs G… et P… s’étant prononcés pour une promenade à cheval, on leur selle deux poneys de cow-boys, et nous les voyons partir à fond de train sous la conduite de Raymond. Le