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la brèche aux buffles.

dant des qualités excessivement nutritives. Aussi les pâturages des Foot-Hills sont-ils, de tous, les plus appréciés. L’eau y est seulement fort rare. Ce qui s’explique facilement. En effet, les ruisseaux qui descendent des montagnes vers la plaine, parcourant des strates relevées verticalement, finissent presque toujours par en rencontrer une qui est perméable, et alors ils disparaissent au moins pendant une bonne partie de l’année, sauf à revenir à la surface un peu plus loin.

Du reste, le régime des eaux de ces contrées mériterait une étude particulière. Le pays a dû être beaucoup plus humide qu’il ne l’est aujourd’hui. À chaque pas, on rencontre des lits de ruisseaux dont les berges indiquent qu’ils ont roulé un volume d’eau considérable, et qui maintenant ne contiennent jamais une goutte d’eau. À quoi tient ce dessèchement ? Depuis dix ans que les Indiens ont été chassés d’ici, on a coupé les bois de la montagne sans trêve ni relâche. Il est bien probable qu’il est inutile d’aller chercher plus loin la raison.

Ce pays est, en somme, parfaitement laid. Je me rappelle avoir vu, dans je ne sais quel ouvrage de M. Flammarion, un dessin représentant une vue d’un paysage lunaire. Je ne sais pas si l’artiste garantissait la ressemblance, mais je ne peux pas parcourir ce pays-ci sans penser à cette gravure. Au loin, on distingue les belles montagnes des Black-Hills, recouvertes de forêts superbes ; mais les premiers plans n’offrent à l’œil attristé qu’une série de collines rondes, s’étageant l’une sur l’autre, formant un paysage d’une monotonie désespérante ; et les coloristes n’ont pas plus à se réjouir que les amateurs de belles lignes, car, à partir du mois de juillet, l’herbe desséchée prend une teinte