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la brèche aux buffles.

toutes les banques qui s’y accumuleront. En attendant, dans la troisième avenue, il y a un champ où j’ai vu de bien beaux potirons, et dans Pine-Street, j’ai levé un vol d’au moins trois cents black birds.

J’avoue, à ma très grande honte, que j’ai toujours trouvé assez fastidieuse la besogne de visiter des monuments ; mais quelles que soient l’éloquence et la bonne volonté des ciceroni, on se lasse encore bien plus vite de visiter simplement l’endroit où des monuments s’élèveront peut-être… plus tard. Aussi n’ai-je pas cru déplaire à nos hôtes, en donnant promptement le signal du départ. On avait amené de Fleur de Lis deux buggies et un wagon. Ou a chargé les bagages dans le wagon, sur le siège duquel François a pris place à côté d’un cow-boy à l’air féroce qui servait de conducteur. Les docteurs et moi, installés dans les buggies, nous avons pris les devants, suivis par A… et D… à cheval.

Le soulèvement géologique qui a fait surgir les Black-Hills au milieu de la Prairie a agi comme un coup de poing qui crèverait de bas en haut un cahier de feuilles de papier de couleurs différentes. Il a retroussé en forme de bourrelet circulaire la couche de terre végétale, profonde de cent cinquante ou deux cents mètres, qui forme le sol de la plaine, de sorte qu’avant d’arriver aux formations rocheuses il faut traverser une série de collines terreuses. C’est ce qu’on appelle les Foot-Hills. Les Foot-Hills ont conservé dans une très grande mesure la singulière inaptitude qu’a le sol de la Prairie pour toute végétation arborescente. Sur les sommets seulement, on voit de loin en loin quelques sapins mal venus. En revanche, ces collines sont couvertes d’une herbe très drue et possé-