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la brèche aux buffles.

vivre avec l’un d’eux. Quant aux cow-girls, tous les journaux affirmaient que ces vestales refusaient journellement les plus grands partis de l’Angleterre.

Le spectacle par lui-même ne signifiait pas grand’chose. Cow-boys et cow-girls se livraient d’abord à quelques exercices variés, tels que tir à la cible, lancement du lasso, etc. ; ensuite commençait le drame ! Une diligence arrivait sur la piste. Les Sioux, couverts de leur peinture de guerre et poussant des cris horribles, s’élançaient à sa poursuite, s’emparaient des voyageurs et commençaient à les soumettre aux tortures les plus savantes mais les « gallants » cow-boys arrivaient à leur tour ; les Sioux étaient naturellement vaincus, et tout se terminait par un grand défilé et quelques feux de Bengale.

Ce qu’il y a de plus drôle et ce qui montre l’extraordinaire badauderie de nos chers voisins, c’est que Buffalo-Bill devint absolument le lion de la saison. On l’invitait à dîner partout, et les lettres d’invitation envoyées aux autres convives portaient en vedette : To meet Buffalo-Bill ! Le prince de Galles lui donnait des poignées de main toutes les fois qu’il le rencontrait, et quand la princesse de Galles venait à ses représentations, elle prenait son bras pour retourner à sa voiture. Sa fille était restée au ranch. Il la fit venir, et il n’y eut plus de garden-party élégant qui ne fût honoré de la présence de Mlle Buffalo-Bill !

Rien ne manqua à sa gloire ! Elle traversa même l’Océan ; et les citoyens proéminents du Nébraska, qui jusqu’alors n’avaient pas pris Bill-Cody bien au sérieux, sentirent si bien que cette gloire rejaillissait sur eux et sur leur pays, qu’un beau jour le journal officiel de l’État annonça sa nomination au grade de colonel dans