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la brèche aux buffles.

Ces hommes sont réellement d’une adresse merveilleuse. J’ai lu dernièrement dans le Live stock journal la description d’une fête à laquelle j’aurais bien voulu assister. Les ranchmen des environs de Chayenne, voulant probablement encourager parmi leurs cow-boys la pratique du lasso, ont eu l’idée, le mois dernier, d’organiser ce qu’ils ont appelé un cow-boy tournament, un tournoi de cow-boys. On avait construit un grand cirque dans lequel on s’est livré aux exercices les plus variés. L’un d’eux devait être particulièrement intéressant. On introduisait dans l’arène une cinquantaine de chevaux, les plus vicieux qu’on avait pu trouver. Un cow-boy arrivait à pied, portant sa bride, sa selle et son lasso ; on lui désignait, au hasard, l’un des chevaux, et il fallait qu’en moins d’un quart d’heure il fût sur son dos, après l’avoir au préalable, et à lui tout seul, abattu, bridé et sellé. C’était un véritable tour de force. Plusieurs cependant ont réussi.

Cet Harvey m’intrigue beaucoup. J’ai eu ce soir, après dîner, une longue conversation avec lui. Il a un ton et des façons qui sembleraient indiquer qu’il n’était pas destiné à devenir un cow-boy. Il doit y avoir un mystère quelconque dans sa vie. Je n’ai rien pu tirer de lui relativement à ses antécédents. Il dit seulement qu’il est né dans le Texas et qu’il n’a pas quitté la Prairie depuis l’âge de quinze ans. Il parle couramment la langue des Sioux et celle des Pawnies. Il est teetotaler, ce qui est bien rare parmi les hommes de sa profession. Je lui ai proposé un verre de sherry ; il l’a refusé obstinément.

« Autrefois, m’a-t-il dit, je buvais du whiskey ; je dois en avoir bu des tonneaux ; mais je me suis juré à moi-même de ne plus jamais boire d’alcool.