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la brèche aux buffles.

n’invente rien : le dernier qui est venu ici a fait cela, — il tâte vos matelas pour savoir s’ils sont en crin ou en varech, compte vos chevaux et vos bœufs, et puis consigne le tout dans un gros livre qui contient déjà le résultat de sa visite chez vos voisins ; le gros livre est du reste à la disposition du public, et si quelqu’un découvre que ledit voisin a dissimulé un cheval, un bœuf, ou même une modeste pendule, il se fait un véritable plaisir de le dénoncer.

Ce travail a pour but d’arriver à une estimation aussi exacte que possible du capital existant dans le comté, meubles ou immeubles. Une fois ce résultat obtenu, on établit le budget des dépenses : routes (pour mémoire), écoles et construction de prison ou de palais de justice (court houses). La comparaison des deux totaux donne tout de suite, au moyen d’une simple division, la proportion dans laquelle il faut que chacun contribue aux dépenses. Ce tantième est naturellement assez variable. Chez nos voisins du comté de Lawrence, où la majorité se compose de simples mineurs ne possédant rien et, par conséquent, échappant aux taxes tout en décidant des dépenses, on paye, je crois, 12 ou 15 pour 100 par an ; sur son capital, bien entendu. De plus, le comté, qui a huit mille habitants, a environ un million de dollars de dettes, sans qu’il soit possible de savoir à quoi a pu être dépensé cet argent, car il n’existe dans tout le comté qu’une seule route, et cette route a été construite par une compagnie qui fait payer un demi-dollar à toutes les voitures qui s’en servent.

Dans les comtés où la population se compose principalement d’agriculteurs ou de ranchmen, on s’en tire à meilleur compte, et l’impôt à payer ne dépasse guère 3 ou 4 pour 100 du capital. Les ranchmen arrivent