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la brèche aux buffles.

J’ai vu quelquefois dans des colonies françaises des fêtes dont le personnel était composé d’éléments analogues. On y donnait du vin et de la bière à discrétion : il y avait bien quelquefois, très rarement, à la fin de la soirée, un ou deux des invités qui n’étaient plus très solides sur leurs jambes, mais jamais on ne se battait ; ici, le premier mot des ranchmen qui arrivent, c’est : « Surtout ne donnez pas une goutte de bière ou de whiskey, ou, sans cela, il y aura mort d’hommes » ; et tous les revolvers sont mis sous clef. Il est certain que chez ces gens-ci il y a une brutalité innée dont nous ne trouvons pas de trace chez nous. Mais, sous d’autres rapports, il faut convenir que la comparaison n’est pas à notre avantage. Que serait chez nous le personnel féminin d’une fête du genre de celle dont je viens de parler ? Et de quelle nature seraient les danses qu’on y danserait ? Je réponds à cette double question par une ligne de points.

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Ici, ces filles d’auberge et même ces cow-girls ont, je le crois, quelque extraordinaire que cela puisse paraître, une conduite habituellement régulière. En tout cas, leur tenue est irréprochable. Quant à leur chorégraphie, je suis tombé de mon haut en voyant en quoi elle consiste ! Tout ce monde s’est mis à danser une sorte de menuet très compliqué, et comportant une foule de saluts des plus cérémonieux dont cow-girls et cow-boys s’acquittaient avec un air de conviction admirable. L’un des exécutants, un bull whacker, transformé pour la circonstance en maître de cérémonies, en réglait toutes les figures, les annonçant à haute voix comme le font chez nous les ménétriers de village. Ce sont bien probablement les trappeurs canadiens qui ont introduit ces