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la brèche aux buffles.

qui en résultent. On trouve cependant maintenant sur toutes les lignes de magnifiques wagons-écuries nommés palace cars, contenant dix-huit stalles et admirablement aménagés en vue du transport des percherons, pour lesquels ils ont été spécialement construits.

Il est généralement près d’une heure quand nous rentrons pour déjeuner ; je passe l’après-midi dans ma chambre à écrire, ou bien, prenant un fusil, je descends le creek en tirant les lapins, les lièvres et les rares poules de prairie que mon chien arrête. Ces chasses ne sont du reste pas bien heureuses. Cependant, l’autre jour, il s’est produit un incident assez original.

Je venais de sortir, quand tout à coup, à cinquante pas à peine de la maison, mon chien tombe en arrêt devant une toute petite touffe d’herbe. Assez étonné, je m’approche et aperçois un superbe serpent à sonnettes que mon chien avait évidemment surpris au moment où il faisait sa sieste. Il était encore enroulé sur lui-même, mais relevait déjà la tête d’un air peu rassurant. Heureusement, le chien était à bonne distance ; il n’y avait donc pas péril en la demeure. J’eus l’idée de m’offrir une petite chasse à courre. Tout près de là, au coin du jardin, se trouvait l’appartement des cochons, comme on dit en Normandie. Le ranch en possède un ménage. Ils ont même des noms empruntés à la politique contemporaine. Le personnel du ranch est jeune, et la jeunesse est passionnée ! Comme je n’ai malheureusement plus la même belle excuse, je les appellerai, c’est des cochons que je parle, Marat et Théroigne de Méricourt.

J’allai ouvrir la porte de leur logis. Marat, qui était occupé à grignoter un gros épi de maïs, mit immédiatement le nez dehors, grogna deux ou trois