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la brèche aux buffles.

trois plus beaux, qui ont été envoyés en France et offerts à la célèbre artiste, afin de lui servir de modèles pour ses tableaux futurs. Je ne les ai pas vus, mais on m’a dit qu’ils sont en ce moment à Fontainebleau.

Je ne sais pas s’il y a d’autres chevaux que Brillant dont on ait offert 10 000 dollars ; mais les prix de 5 000 dollars (25 000 francs) ne sont pas très rares, et parmi les quatre cents animaux qui figurent au concours, la plupart importés cette année ou l’année dernière, je ne crois pas qu’il y en ait un seul dont le propriétaire voulût se séparer pour moins de 2 500 dollars (12 000 francs).

Tous ces émigrés semblent témoigner par leurs croupes arrondies et leur poil luisant qu’ils s’accommodent fort bien de l’avoine amère de l’exil. Plusieurs de ceux que l’on fait défiler devant nous, à la porte du château de foin, sont de vieilles connaissances. M. de la Motte-Rouge leur a déjà distribué des couronnes, il y a quelques semaines, au concours de Nogent. Je me demandais s’ils n’allaient pas témoigner quelque émotion en reconnaissant ces tours à l’ombre desquelles ils ont cueilli leurs premiers lauriers. J’ai bien constaté que la plupart avaient cherché à approcher leurs lèvres des assises du monument ; mais je crois que cet hommage s’adressait plutôt à la matière dont elles étaient formées qu’aux souvenirs patriotiques que leur vue aurait dû éveiller en eux.

Il nous restait à faire connaissance avec les petites familles qu’eux ou leurs prédécesseurs se sont créées sur la terre d’exil, c’est-à-dire avec ces fameux demi-sang, grades, dont les Américains se montrent si satisfaits. La race percheronne se montre généralement assez rebelle à l’acclimatement, en tant que race pure.