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la brèche aux buffles.

riorité acquise par nos produits français sur ceux du Shire et du Clydesdale, dont ils ont pris la place. Le gouvernement canadien crut cependant devoir accepter l’invitation qui lui était adressée, et se fit représenter par M. A. Smith, directeur du collège royal des vétérinaires de Toronto ; mais ce personnage sentit probablement bien vite combien le rôle qu’il était appelé à jouer était délicat, car il ne fit qu’apparaître et retourna au bout de vingt-quatre heures à Toronto.

Le juge américain était M. Loring, ancien secrétaire d’État de l’agriculture. J’étais moi-même convié comme représentant des éleveurs percherons, et j’arrivais muni d’une assez forte somme et de deux médailles d’or que la Société française faisait remettre au Comité pour être distribuées en prix.

Je pus constater, en arrivant, que tout était monté sur un pied véritablement grandiose. On s’attendait à avoir tant de monde, qu’on avait décidé de tenir le concours dans un grand parc situé à quelques kilomètres de la ville, qui est muni d’une très bonne piste servant d’ordinaire aux courses au trot qu’aiment tant les Américains. L’idée qui avait présidé aux aménagements intérieurs était assez originale. Les organisateurs s’étaient fait envoyer par l’architecte de l’Eure-et-Loir le plan très exact de l’ancien château des sires de Nogent, et l’avaient reproduit de grandeur naturelle, et jusqu’aux moindres détails, en se servant comme matériaux de bottes de foin comprimé. Les grandes salles voûtées de l’intérieur avaient même été meublées dans le style du quatorzième siècle, et un restaurateur de Chicago nous y servait tous les matins un déjeuner qui malheureusement, lui, était du style américain le plus pur.