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la brèche aux buffles.

nom de Vin-Land, à cause des vignes sauvages qui y sont très communes, mais que même ils y avaient établi des colonies florissantes, à ce point que le clergé et les fidèles auraient contribué au denier de Saint-Pierre levé pour subvenir aux frais de la première croisade. C’est, paraît-il, l’étude des Sagas islandaises qui a mis sur la trace de ces histoires extraordinaires, et elles auraient été, plus tard, pleinement confirmées par des documents retrouvés dans les archives du Vatican.

L’auteur estime que ces établissements ont dû être détruits vers le douzième ou treizième siècle, probablement par les Indiens : ont-ils jamais existé ailleurs que dans l’imagination des archéologues ? Voilà ce que je laisse à décider à des gens plus savants que moi. L’invasion normande, dont je songeais à devenir l’Augustin Thierry, est l’invasion très moderne et toute pacifique des États-Unis par les chevaux percherons et normands.

L’engouement dont ils avaient été l’objet lorsque, il y a une vingtaine d’années, quelques importateurs songèrent à les amener pour faire concurrence aux chevaux du Clydesdale et du Shire, cet engouement, dis-je, bien loin de se calmer, n’a fait qu’augmenter à mesure qu’on les a connus davantage. Voilà encore ce qui distingue cette invasion-là des invasions ordinaires. Chaque année, au printemps, on voit les acheteurs de l’Illinois et de l’Iowa arriver plus nombreux dans les fermes du Perche, et cela, malgré la progression toujours croissante des prix, qui résulte d’ailleurs uniquement de la concurrence acharnée qu’ils se font entre eux. Un bel étalon percheron valait 1 500 francs il y a vingt ans : on en a vendu un l’année dernière 17 000, à Nogent-le-Rotrou. C’était une exception, mais les prix de 10 000 francs sont assez ordinaires,