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la brèche aux buffles.

trouve déjà horriblement compromettant. Il me parle toujours de ce qui lui est arrivé pour les Montagnes Rocheuses. — Quinze jours après la mise en vente, il reçoit une lettre du préfet de la Seine l’informant que la commission spéciale chargée de choisir les livres destinés aux bibliothèques communales et scolaires, venait d’assurer ce suprême honneur auxdites Montagnes Rocheuses. Voilà un éditeur enchanté, supputant le nombre de volumes qui vont lui être enlevés de la sorte. Trois semaines après, j’étais candidat royaliste dans l’Aisne, et une nouvelle circulaire paraissait, signalant mon pauvre livre à tous les instituteurs comme ne pouvant, dans aucun cas, être mis entre les mains de la jeunesse !

Je ne veux effaroucher les susceptibilités de personne. Mon livre ne s’appellera pas Fleur de Lis ! Il s’appellera la Brèche aux buffles ! (Buffalo-Gap.) Ne pouvant prendre le nom de la localité, je prends celui du bureau de poste !

Je dois dire cependant que j’ai songé un instant à un autre titre. J’ai été sur le point d’écrire sur la première feuille : Histoire de l’invasion normande en Amérique ! Si je ne l’ai pas fait, c’est que j’ai découvert qu’il existait déjà un livre, malheureusement peu connu, je dis malheureusement, parce qu’il est des plus intéressants, qui a un titre presque identique. L’auteur, un savant archéologue normand, y revendique pour ses compatriotes toute la gloire de la découverte de l’Amérique. On savait déjà que Pinçon, le pilote de Christophe Colomb, était natif de Dieppe ; mais il paraît que, plusieurs siècles auparavant, les anciens Normands avaient non seulement découvert la côte actuelle des États-Unis, à laquelle ils donnaient le