Page:Mandat-Grancey La brèche aux buffles - 1889.djvu/160

Cette page a été validée par deux contributeurs.
143
la brèche aux buffles.

un cow-boy qui ne se dérange même pas quand nous arrivons, laissant le colonel dételer et panser lui-même ses chevaux. Ceci est du reste absolument conforme aux usages du pays.

Pendant le dîner, il est naturellement question des Indiens. Durant les premiers temps de son séjour ici, le colonel a eu très souvent maille à partir avec eux, et je ne sais vraiment pas comment il a pu conserver son scalp jusqu’à présent. Maintenant que les Sioux sont encadrés à l’est et à l’ouest par des pays relativement peuplés, ils ne peuvent plus guère organiser d’expéditions contre les bestiaux des ranchs, parce qu’ils ne sauraient où les mener. Mais à cent cinquante ou deux cents lieues plus à l’ouest, du côté des montagnes de la Big-Horn, il y a de petites tribus qui ont derrière elles de vastes déserts, et celles-là ne s’en font pas faute. Quand l’occasion s’en présente, les jeunes guerriers cueillent aussi quelques chevelures ; quelquefois même ils enlèvent des prisonnières. L’année dernière, à mon passage ici, on venait d’en retrouver une dont les aventures firent quelque bruit.

C’était une jeune Suédoise nommée, autant qu’il m’en souvient, Josepha Ericksen. Elle était venue avec son mari et ses beaux-frères fonder une ferme, non loin d’un ranch situé à l’ouest de Jenney’s Stockade, la pointe extrême des Black-Hills, du côté de l’Ouest.

D’ordinaire, les fermiers ont grand soin de laisser s’établir entre eux et les Indiens un ou deux ranchs qui leur servent de tampons. Séduits par quelques bonnes terres, les Ericksen eurent le tort de faire le contraire. Mal leur en prit. Un beau matin, une bande de Gros-Ventres qui venaient d’enlever une centaine de chevaux au ranch, arrivèrent à la ferme. Le mari