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la brèche aux buffles.

dron ont voulu donner une grande fête à l’occasion de l’anniversaire de l’indépendance : ils ont eu l’idée d’organiser une cavalcade ; et pour qu’elle fût plus brillante, le comité a invité quelques chefs cheyennes à y prendre part. On pensait qu’il en viendrait une douzaine. Cochon qui court est arrivé avec quinze cents Peaux-Rouges, tant guerriers que squaws, en disant que puisqu’on les avait invités, il fallait les nourrir. Les gens de Chadron ont eu une telle peur, qu’ils se sont enfermés chez eux armés jusqu’aux dents. Pour faire repartir Cochon qui court et sa troupe, il a fallu leur donner une centaine de bœufs.

Tout en devisant de la sorte, nous continuons à avancer. À mesure que nous nous éloignons des Black-Bills, la Prairie devient moins accidentée. Le colonel nous fait remarquer avec orgueil l’abondance de l’herbe et sa belle couleur jaune. Un herbager normand est consterné quand il voit ses prés prendre cette couleur-là. Ici, au contraire, elle réjouit l’âme des ranchmen. Si l’herbe n’est pas très jaune à la fin de l’été, c’est qu’elle n’est pas très sèche (cured) : dans ce cas, les premières gelées la réduisent littéralement en poussière, et les animaux ne trouvent plus rien à manger pendant l’hiver. Justement, cette année, il y a eu au mois d’août des pluies très abondantes qui ont fait pousser l’herbe en très grande abondance, mais l’ont maintenue verte sur certains points, ce qui consterne les intéressés.

La nuit est presque tombée : nous sommes partis depuis six ou sept heures : nos braves chevaux maintiennent cependant toujours le petit trot allongé qu’ils ont pris au départ, sans paraître s’apercevoir de la longueur de la course. Devant nous, sur le ciel encore