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la brèche aux buffles.

évidemment beaucoup. Voyez comme il écarquille les yeux ! Le voilà qui met sa main sur son revolver. Il va sûrement tirer en l’air. Or il est manifestement très ivre. Nous pourrions bien nous trouver sur le chemin que prendront les balles ! Cela me serait fort désagréable. Souffrez donc que je me retire. J’emporterai du reste un souvenir enchanteur de la charmante soirée que vous m’avez fait passer.

— N’ayez nulle crainte, cher monsieur, m’a répondu cet homme étonnant : le cas est prévu. Vous n’avez qu’à vous baisser quand on commencera à tirer. Le dessous et les côtés des loges sont faits avec des madriers à l’épreuve de la balle. Il n’y a donc aucun danger. Malheureusement, mon architecte n’a pas pu prendre les mêmes précautions pour le plafond : cela aurait été trop lourd…

Et, mélancoliquement, il me montrait le toit de son établissement, percé comme un crible par des milliers de petits trous ronds à travers lesquels une pluie rafraîchissante venait calmer les effervescences de l’auditoire ; témoignage flatteur des succès remportés par ses pensionnaires pendant la saison précédente.