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xiv
préface.

l’intention de lui casser la tête d’un coup de revolver. Le shérif, très peu rassuré, énumérait tous les titres qu’il avait à sa reconnaissance, mais Jim s’entêtait et déjà faisait mine de tirer son revolver de sa gaine, quand un ami du magistrat, qui assistait à la scène, s’avisa de prendre son lasso et de le lancer par derrière sur le col de l’infortuné Jim. Quand ils virent qu’il n’y avait plus rien à craindre, tous les assistants s’attelèrent à la corde, et l’on traîna le cadavre de bar en bar, aux grands applaudissements de tous les citoyens proéminents et autres du pays qui étaient ravis de penser que leurs chevaux ne seraient plus volés.

Lame Johnny occupait seul le domicile commun quand survint cette malheureuse aventure, qu’un ami vint aussitôt lui conter. Il jugea sagement que son prestige avait reçu un grand coup, et qu’il serait prudent de quitter le théâtre de ses exploits, au moins pour un temps. Aussi, le soir même, il se mit en route pour aller rejoindre le stage-coach de Deadwood, qui passait non loin de sa maison. Malheureusement, le hasard voulut que deux ou trois des acteurs du drame de Custer se trouvassent dans la voiture ; ils se jetèrent sur lui dès qu’ils le reconnurent, prirent la bride de son cheval et s’en servirent pour le pendre à un gros peuplier qui s’appelle encore maintenant Lame Johnny tree, de même que le ruisseau qui coule devant la maison assez rudimentaire que s’était construite le défunt, s’appelle le Lame Johnny creek. Du haut de son peuplier, il aura pu se dire, comme