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la brèche aux buffles.

furent simultanément éblouis par l’apparition de ces affiches flamboyantes, l’effet fut immense. Les adversaires du juge Hiram étaient consternés ; ses partisans exultaient. Mais tout à coup un cri de stupeur s’échappa de toutes les poitrines. Une nouvelle banderole lumineuse venait tout à coup de se superposer à la première et sur cette banderole on lisait ces mots :

citoyens, voyez comme il est maigre !
il ne serait pas dans un tel état s’il avait fait usage des pilules de shenck !
(This man would have looked better if he had used Shenck’s Bandrake pills !)

La réclame de M. Shenck n’a pas empêché le juge Hiram d’être nommé ; mais elle fut l’occasion d’un procès, son comité ayant refusé de payer à l’entrepreneur les 25 dollars convenus, sous le prétexte qu’il en avait reçu 50 du fabricant de pilules, pour utiliser au profit de ses réclames le nom du candidat : je ne sais ce qu’ont décidé les juges.

La discussion, un instant interrompue par mon arrivée, reprend de plus belle. Il paraît que ma bonne — ou ma mauvaise fortune — m’a fait pénétrer au sein d’un meeting for the promotion of female rights ! Toutes ces femmes maigres parlent l’une après l’autre, ou même ensemble, avec une énergie terrible.

Mais c’est miss Effie qui fait encore le plus de bruit. La liste des fonctions dont elle veut ouvrir l’accès aux femmes est si longue, que je ne vois vraiment pas celles qu’elle compte laisser aux hommes. Du reste, son éloquence ne modifie en rien ma manière de voir. Je ne me sens aucune sympathie pour des femmes aussi mal en chair. Avant de réclamer une si grande